Doit-on faire obligatoirement une crise d’adolescence même tardivement
On pourrait donc croire que l’adolescent docile, sans révolte, est forcément un être sans problème. Pourtant, tout n’est pas rose chez ceux dont la puberté a ressemblé à un long fleuve tranquille. Chez certaines personnes, on constate un conformisme excessif, voire une pathologie conformiste. Il s’agit de personnalités très effacées, très craintives, qui ont fait tout ce que leurs parents leur demandaient parce qu’elles avaient peur de déplaire, parce qu’elles ne se sentaient pas dans un climat suffisamment rassurant pour s’exprimer. La présence d’un parent très malade ou en dépression grave peut aussi conduire un enfant à se refermer sur lui-même. En psychiatrie, cette absence totale de révolte a un nom, l’« adolescence blanche », et peut se traduire à l’âge adulte par des phénomènes de décompensation, des dépressions plus ou moins graves. Après avoir eu la « bonne élève attitude », s’être marié très tôt, être tout de suite entré dans le moule professionnel et social, un adulte se trouvera fort dépourvu quand la bise du changement sera venue. Une séparation, un licenciement, la crise de milieu de vie vont l’abattre d’un coup. Chaque étape de l’existence nécessite une élaboration psychique. Cela implique de s’adapter, de digérer ce que l’on vit, de comprendre ce qui vous arrive, de trouver le sens que cela a pour vous. Quand on ne le fait pas, l’étape suivante peut être plus douloureuse.
Il arrive que la trentaine passée, certaines personnes se rebiffent contre l'autorité. Cette crise d’adolescence tardive permet aux enfants trop sages de sortir de l'emprise familiale. Et s'avère souvent bénéfique. L'élément déclencheur d'une crise peut être n'importe quel événement qui met en péril le narcissisme du sujet , le support de son identité et de sa cohésion. L'expérience d'une perte de désir, la disparition d'un proche mais aussi l'effondrement d'une illusion, d'un fantasme ou encore la dissolution d'un statut social. En réalité, il est toujours question de « perdre » quelque chose. Mais cette perte doit rester relative, elle ne doit pas être trop forte sinon elle mène à la dépression. Elle provoque simplement un sursaut, un réinvestissement et c'est ce rebond qui déclenche spécifiquement la crise.
Dans certains cas, ce sont les événements heureux qui déclenchent ce fameux sursaut une fois l'épreuve de la perte passée. On sent que la voie est libre et on se laisse enfin aller.
Quelles sont les origines de la crise d’adolescence tardive
Qu'est-ce qu'une crise dans la vie d'un homme ou d'une femme ? C'est toujours le passage d'un mode de fonctionnement psychique à un autre, mieux adapté à la situation ! La crise d'adolescence tardive est une crise de maturation dont les origines sont essentiellement internes. Elle marque le passage du fonctionnement infantile, fondé sur la dépendance, au fonctionnement adulte qui se veut responsable et fondé sur le lien réciproque. Certains soutiennent qu'entre l'adolescence prolongée de nos sociétés et la vieillesse marquée par le renoncement et la sagesse, l'état adulte n'est qu'un mirage virtuel. Les jeunes adultes en crise sont des adolescents qui n'ont pas terminé leur passage entre ces deux états. La crise a toujours une dimension de rébellion car il faut bien s’affranchir d’une dépendance. Mais à 35-40 ans on sait bien que l’autorité la plus impitoyable est celle que l’on a dans la tête.
Comprendre que nos parents sont des proches dont nous ne sommes pas dépendant toute notre vie...
Les parents d’un homme ou d’une femme adulte sont à jamais porteurs d’une image de soi idéalisée qui constitue la base de l’estime de soi. Quel que soit notre âge, nous ne serons jamais totalement « matures » vis-à-vis d’eux, car nous ne serons jamais séparés d’eux. Même à 35-40 ans, ils demeurent des référents, avec un statut de « sage », une autorité morale. Ce qui a le don de mettre les jeunes adultes complètement hors d’eux-mêmes. Ces parents qui étaient autrefois craints et respectés vont porter le poids de toutes les injustices liées au fonctionnement social. Ils étaient vus comme garants du système mais dès qu’ils commencent à être perçus comme étant « hors-jeu » on leur attribue le statut de coupable. Les enfants qui ont grandi sans mûrir gardent un fonctionnement psychique marqué par l’idéalisation de leurs parents que la crise vient renverser. Ils passent d’un extrême à l’autre. Mais devenir adulte, que ce soit à 20 ou à 50 ans, c’est accepter de considérer ses parents comme des êtres humains dont nous sommes toujours proches sans en être dépendants.
Il est important de faire sa crise tôt ou tard, mais de manière intelligente et c'est encore mieux si elle bien reçue par les proches.